Le Conseil des ministres tenu le 4 juin 2025 a adopté cinq projets de loi majeurs visant à structurer et renforcer des secteurs vitaux pour le développement du pays. Agriculture, énergie, habitat, infrastructures et pêche : autant de domaines couverts par cette batterie de textes qui promettent de poser les bases d’un nouveau souffle économique et social.
En application de l’article 94 de la Constitution, le gouvernement a validé la création, l’organisation et le fonctionnement de cinq nouveaux Fonds nationaux. Ces outils financiers, à vocation stratégique, devraient selon les autorités permettre une meilleure structuration des politiques publiques, l’accélération des investissements et une réponse plus efficace aux besoins des populations.
Le Fonds Stratégique Agricole (FSA) est conçu pour être le pilier de la transformation du secteur agricole gabonais. Il vise à catalyser les investissements, soutenir les filières locales, et générer des emplois durables à travers une politique orientée vers l’autosuffisance alimentaire. Dans un pays encore très dépendant des importations, ce fonds se veut un levier de souveraineté.
Deuxième pilier de cette réforme : le Fonds pour l’Énergie et l’Eau (FEE). Il doit servir à moderniser les réseaux, encourager la transition écologique et sécuriser l’accès aux services essentiels sur tout le territoire national. Face aux coupures récurrentes et à l’accès inégal à ces ressources, le FEE s’annonce comme une réponse aux urgences quotidiennes des citoyens.
Le Fonds Gabonais pour l’Habitat et le Logement (FGHL) ambitionne de réguler et financer une nouvelle politique de l’habitat. Il s’agira, selon le gouvernement, de favoriser l’accès à un logement décent pour tous, à travers des partenariats entre les collectivités locales, le secteur privé et les citoyens. L’objectif affiché : faire du logement un facteur d’équité sociale.
Avec le Fonds National pour les Infrastructures (FNI), l’exécutif entend soutenir la dynamique de modernisation du pays inscrite dans le Plan National de Développement. Il est destiné à financer les grands chantiers routiers, ferroviaires, numériques ou encore portuaires, afin de booster la compétitivité du pays.
Enfin, le Fonds Stratégique pour le Développement de la Pêche et de l’Aquaculture (FSDPA) a pour mission de repositionner le Gabon comme acteur régional de la pêche durable. Il devra promouvoir une aquaculture moderne, génératrice d’emplois et de sécurité alimentaire, dans un contexte mondial où la pêche industrielle reste un enjeu géopolitique majeur.
Tous ces fonds partagent une même architecture de gouvernance : un Conseil d’administration, un Comité d’orientation stratégique, un Administrateur général, ainsi qu’une Agence comptable. Cette structuration vise à garantir transparence, efficacité, et évaluation permanente.
Des textes ambitieux… en attente de résultats tangibles
Cette réforme, bien que saluée pour sa structuration et sa cohérence sectorielle, n’échappe pas à une interrogation majeure : quand et comment ces instruments se traduiront-ils en améliorations concrètes dans la vie des Gabonais ? L’absence de précisions sur les financements, les délais de mise en œuvre et les indicateurs de performance alimente un certain scepticisme.
Car les Gabonais ne jugeront pas ces textes à la qualité de leur rédaction, mais à leur capacité à changer leur quotidien. En clair : moins d’annonces, plus d’eau courante, d’électricité stable, de logements accessibles, de routes praticables et de produits locaux dans les marchés. Sans cela, ces fonds risquent de rejoindre la longue liste des promesses qui n’auront brillé que dans les communiqués.
Gabon : cinq nouveaux Fonds stratégiques pour relancer l’économie ?
