Depuis quelques semaines, la famille Bongo tente de réécrire l’histoire récente du Gabon. À travers des sorties médiatiques orchestrées ou des confidences savamment distillées, Ali Bongo Ondimba et certains de ses proches cherchent à faire croire qu’ils auraient été séquestrés durant la transition et jusqu’à son départ du territoire national, victimes d’un traitement inhumain de la part des nouvelles autorités. Une stratégie de victimisation à peine voilée, hélas, qui peine à résister à l’épreuve des faits.
Seulement, aucun élément sérieux ne permet de valider cette version dramatique des événements. Bien au contraire, tout indique que la gestion de la situation de l’ex-chef de l’État, de son épouse Sylvia Bongo et de leur fils Noureddin Bongo Valentin s’est déroulée dans le strict respect des procédures légales et des droits humains. On parle d’une détention encadrée par la loi, non par la vengeance.
Pour rappel, dès le renversement du pouvoir le 30 août 2023, les nouvelles autorités de la Transition ont affiché leur volonté de faire toute la lumière sur les détournements massifs, les abus de pouvoir et la corruption systémique ayant marqué les dernières années du régime Bongo. C’est dans ce cadre que la mise en détention de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin n’a rien eu d’arbitraire. Elle a été encadrée par la justice gabonaise, avec des chefs d’accusation clairs et des procédures respectées. Aucun rapport crédible n’a évoqué de sévices ni d’actes de torture à leur encontre.
Mieux, leurs avocats ont eu libre accès à leurs clients. Les audiences se sont tenues dans des conditions normales. La détention de Noureddin Bongo Valentin, accusé de détournement de fonds publics et d’enrichissement illicite, s’est faite dans le respect des normes pénitentiaires.
Quant à Ali Bongo lui-même, il n’a à aucun moment été « séquestré ». Il a continué à résider dans sa résidence habituelle, sous la surveillance des forces de sécurité, une mesure de précaution normale dans un contexte de transition politique sensible. Il a d’ailleurs reçu à plusieurs reprises la visite de médecins, d’autorités religieuses, de membres de sa famille biologique et politique, et même de diplomates étrangers envoyés spéciaux de certains pays partenaires du Gabon. Aucune restriction abusive ne lui a été imposée.
Peut-on alors parler de « séquestration » dans ces conditions ? À condition de vouloir délibérément manipuler l’opinion.
Il apparaît donc évident que la version de la famille Bongo relève davantage d’une tentative de manipulation médiatique que d’une quête de justice. En se posant en victimes, ces derniers cherchent à détourner l’attention des graves accusations qui pèsent sur eux : enrichissement illicite, détournement de fonds publics, abus de pouvoir et complicité dans la dégradation des institutions gabonaises.
Entre-temps, l’heure n’est pas à la diversion, mais à la responsabilité. Le peuple gabonais mérite la vérité, non une version édulcorée destinée à masquer des décennies d’opacité.
La transition gabonaise d’hier et la Cinquième République d’aujourd’hui se sont engagées dans une voie de justice, de réforme et de restauration des institutions. Les anciennes figures du régime doivent avoir le courage de répondre de leurs actes devant la justice, et non s’inventer des statuts de martyrs. Car dans un État de droit, la justice remplace la vengeance et c’est précisément ce qui a été fait au Gabon depuis août 2023.
Ali Bongo et la vérité sélective : une réécriture mensongère de la transition gabonaise ?
