C’est un virage décisif que le gouvernement vient d’amorcer. Lors du Conseil des ministres du 20 juin dernier, l’exécutif a tiré la sonnette d’alarme face à une perte colossale de recettes publiques : plus de 1 000 milliards de francs CFA envolés en seulement trois ans, conséquence directe d’un système d’exonérations fiscales jugé « massif » et « mal encadré ».
Dans le détail, 682,67 milliards relèvent de la fiscalité intérieure et 376,55 milliards de la fiscalité de porte (droits de douane, TVA à l’importation, etc.). Ces exonérations, censées favoriser l’investissement et soutenir certains secteurs stratégiques, ont fini par déséquilibrer les finances publiques sans générer les effets attendus sur la croissance ou l’emploi.
Pour répondre à cette urgence, le Chef de l’État a annoncé une série de mesures fortes notamment: la suspension immédiate et conservatoire de toute nouvelle exonération pendant trois mois, afin de stopper l’hémorragie financière et de prévenir l’octroi de nouvelles dérogations sans base rigoureuse. Il a également ordonné le lancement d’un audit complet des régimes fiscaux et douaniers dérogatoires existants, avec pour objectif d’évaluer leur performance réelle et de mesurer leur impact économique, social et budgétaire.
Selon les experts, cette réforme pourrait transformer durablement le paysage budgétaire et fiscal du pays en produisant des recettes fiscales en hausse, grâce à la réduction des exonérations inefficaces. Une meilleure justice fiscale, en mettant fin aux privilèges injustifiés, une administration renforcée, avec des outils d’analyse et de suivi plus performants et des incitations plus ciblées, concentrées sur les secteurs réellement porteurs de croissance et d’emplois.
C’est à la fois un pari risqué et nécessaire mais, en s’attaquant frontalement à ce qui est souvent perçu comme un “angle mort” de la politique budgétaire, le gouvernement affiche sa volonté de remettre de l’ordre dans les comptes publics et de renforcer la souveraineté financière du pays.